Depuis leur arrivée aux camps, les femmes déplacées traversent des conditions de vie inhumaines. N’ayant pas de moyens, chaque matin, elles se lèvent pour subvenir à la survie de leur famille. Nombreuses sont celles qui vont dans le parc, non loin du camp, pour chercher du bois qui leur permet de faire à manger. La vice-présidente du camp de Bulengo déplore que nombreuses sont les victimes de violences sexuelles commises par des hommes en uniforme.
« Nous avons plusieurs cas de viol ici au camp, plusieurs femmes en sont victimes et cela se produit lorsqu’elles vont chercher du bois de chauffage dans le parc. Nous comptons une cinquantaine de cas depuis février, entre autres des mineurs et des femmes âgées. Certaines ont souvent peur de le rapporter par crainte d’être rejetées par la communauté. D’autres sont violées ici même à l’intérieur du camp. » rapporte, Fatuma BUSHU MAHAMBA, vice-présidente du camp de Bulengo.
Les conditions dans lesquelles les déplacés vivent sont difficiles. Selon Fatuma, des familles ont généralement plus ou moins 7 personnes. Ceux-ci passent la nuit dans des maisons de fortune. Des jeunes de sexe confondu, de différentes familles, passent nuit ensemble dans des constructions communément appelées Kivera. » Beaucoup de cas de viols s’y produisent et sont souvent découverts avec retard quand la fille se retrouve enceinte. Celles qui rapportent leurs viols sont amenées au centre de santé ici au camp pour des soins primaires. Les cas compliqués sont référencés à l’hôpital Kyeshero.
Muhawenimana Aline (un nom d’emprunt), est jeune fille de 16 ans victime de viol, alitée au sein de cet hôpital depuis 3 semaines, raconte son calvaire. « J’ai vu 3 hommes venir à moi, et m’ont piqué avec une aiguille et j’ai perdu connaissance. Je me suis retrouvée dans une grotte au milieu de nulle part. Ils me tabassaient et celui qui était considéré comme leur chef me violait comme il voulait. Ils me droguaient et je me réveillais même après 3 jours. Deux dames m’ont retrouvée en revenant du champ et m’ont amenée chez elles. J’étais affaiblie par la famine et n’arrivais pas à parler. Elles m’ont fait boire de l’huile de palme et ensuite m’ont donné du bouilli. J’ai récupéré des forces et ai pu donner le contact de ma mère qui s’est dépêchée avec la police et m’ont récupérée et amenée à cet hôpital où j’obtiens des soins et un suivi psychologique. »
La situation humanitaire des déplacées demeure alarmante. Les combattants doivent arrêter de commettre ces actes ignobles sur ces jeunes filles. Comme l’a dit Martin Luther King Jr “La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. C’est aussi la justice, l’égalité et la liberté.”
Nadine Kampire