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Goma wash : préoccupantes conditions de vie dans les sites de déplacés

©Elisha Abumba

Pourtant importante pour la bonne santé de l’homme, l’hygiène demeure un véritable casse-tête dans des camps de sinistrés autour de Goma, Nord-Kivu en Rdc. C’est le constat amer fait par la rédaction de Afia Amani Grands-Lacs ce mercredi 27 juillet 2022.  Préoccupés plus par les besoins essentiels de survie (mangés et logement), ces déplacés vivent dans des conditions précaires ne leur permettant pas de respecter les règles basiques d’hygiène. 

Entre le marteau du volcan et l’enclume de l’insécurité

Bienvenue à Munigi, localité située dans le territoire de Nyiragongo, au nord de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Ce territoire est hôte depuis plus d’une année, des sinistrés du volcan Nyiragongo, entré en éruption le 22 Mai 2021. Parmi les sites d’accueil on peut citer, Kanyaruchinya, Mujoga, Kibaya ainsi que Kayembe. Ce dernier, à lui seul avait déjà plus de 285 ménages, à en croire le président de ce site dont les membres dorment jusqu’aujourd’hui dans des abris de fortune, la mort dans l’âme.

Aussi, depuis le mois de Mai 2022, les affrontements des Forces Armées de la RD Congo(FARDC) et le mouvement du 23 Mars ont causé des nouveaux déplacements des populations vers les zones plus sécurisées. Parmi les déplacés, certains se sont installés à l’école Primaire Kayembe et d’autres à l’Ecole primaire Munigi, au nord de la ville volcanique. A en croire Faustin Barehindula, chef de site des déplacés de Kayembe, ils sont estimés à plus de 650 ménages. 

L’hygiène, le cadet des soucis  pour ces familles déplacées

Ces familles vivent dans des mauvaises conditions d’habitation. Elles partagent les mêmes salles avec des élèves. Si des sinistrés ont fait des abris fortuits avec des moyens de bord tels que bâches, sacs… derrière l’Ecole Primaire Kayembe, les sinistrés eux occupent les salles de classe de cette école ainsi que celles de l’Ecole Primaire  Munigi située juste à Côté.

« Chaque  matin, les déplacés libèrent des salles de classes pour laisser place aux jeunes élèves l’avant comme l’après-midi avant d’y revenir la soirée. Dans une salle, on peut compter une trentaine des ménages entassés comme des œufs. Des hommes, femmes, jeunes filles et garçons tous y dorment, dans une promiscuité ignoble. Faute de mieux, ils utilisent les mêmes ustensiles.  Moi, mon mari et mes enfants utilisons le même bassin pour nous laver, que faire d’autre ? », se plaint une déplacée rencontrée sur le site, visage renfrogné.

Des femmes davantage exposées

Nabintu (nom d’emprunt) mère de 7 enfants rencontrée sur le site expose: « Pendant les menstruations, je coupe un morceau de mon pagne que je lave chaque fois la nuit pendant que mon mari et mes enfants dorment ». Décriant cette situation, elle fait appel aux organisations non gouvernementales à venir en aide aux jeunes filles et mamans pour qu’elles aient des kits hygiéniques.

Selon des experts en Santé, normalement la femme doit prendre bain quotidiennement pour sa santé, sa beauté et son bien-être.  « L’hygiène quotidienne permet d’éviter les odeurs, éliminer les bactéries sur notre corps mais aussi limiter le risque de la transmission des maladies, surtout dans la période de menstruation », renseigne Myriam Mungosy, étudiante en santé publique à l’Université de Goma.

 Pour cela, poursuit-elle, « la femme devrait avoir des matériels tels que Gant, seau, essuie-main et d’autres serviettes. Elle doit disposer de l’eau propre en permanence. N’appliquant pas cela, ces femmes et jeunes filles sont de plus en plus exposées à des maladies hygiéniques ainsi que celles des mains sales ainsi que certaines infections ».

Préoccupés plus pour trouver à manger, l’hygiène est le cadet de leurs soucis. Ils utilisent les latrines de ces écoles primaires qui sont presque bouchées ainsi que neuf douches construites par une ONG internationale. Abandonnés à leurs tristes sort, ils s’adonnent à la « survie sexuelle » (pour emprunter l’expression de Monsieur  Eric Muhindo, chef de Site des sinistrés) et cela avec toutes les conséquences qui peuvent en venir.

Ne sachant à quel saint se vouer, ces déplacés lancent un appel pathétique au gouvernement ainsi qu’aux acteurs humanitaires pour leur venir en aide et diminuer leur souffrance. En attendant d’avoir les espaces de vie viables.

Albert Isse Sivamwanza

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