Le vendredi 29 juin, l’Université de Goma a accueilli le “Dialogue Interculturel”, activité organisée par les jeunes « Peace Fellows » sous l’encadrement de Pole Institute. Cette activité visait à sensibiliser les jeunes, les aînés, les dirigeants locaux, d’autres acteurs de la société civile et, de manière particulière, les étudiants à l’importance de la cohabitation pacifique au sein de leurs milieux de vie respectifs.
Fondé sur la thématique “Stéréotypes et manipulations des identités comme frein à la cohabitation pacifique et la cohésion sociale au Nord-Kivu”, ces jeunes ont, par une approche pédagogique qui combine performance artistique et débats, éveillé les participants au sujet des conséquences des stéréotypes et des manipulations.
Par rapport à la performance artistique, un théâtre, œuvre des jeunes peace fellows eux-mêmes, a été présenté. La première scène s’est ouverte sur deux acteurs, Mussa et Zaïre, qui se vantent pour le prestige de leur tribu tout en dénigrant les autres tribus. L’actrice Mama Fifi les rejoint dans la deuxième scène. Victime des stéréotypes, elle leur déclare : ‘’ nous sommes tous les mêmes et devons apprendre à vivre ensemble en paix.’’ Du coup, des échanges à trois émergent à la faveur de l’esprit critique auquel elle invite ses interlocuteurs face à ce qui peut les pousser à se haïr les uns les autres.
Après la prestation artistique, l’historien Emmanuel Ruzuzi, est intervenu en soulignant qu’aucune civilisation n’est supérieure à une autre. Etant revenu à l’histoire, il a indiqué qu’avant l’arrivée de l’homme blanc, les Africains vivaient en harmonie. Malheureusement, les explorateurs, les missionnaires, les Asiatiques sont venus en Afrique et ont écrit l’histoire en se basant sur ce qui faisait notre différence. “Nous avons créé des limites et des frontières qui nous ont séparés de nos frères. Nous nous sommes séparés et nous avons été divisés. C’est ainsi que les stéréotypes et les guerres ont commencé”, a-t-il précisé. Il appelle alors la nouvelle génération à tirer des leçons des réalités actuelles pour changer le récit et être actrice de l’union et de la cohabitation pacifique. “C’est pour cet avenir meilleur que vous devez travailler, car c’est vous qui êtes les artisans de cette paix.”
De son côté, Monsieur Ulimwengu Biregea, mentor des jeunes à Pole Institute, a invité les jeunes à faire constamment preuve de pensée critique pour éviter les pièges des manipulateurs de manière à ne pas participer à la diffusion de fausses informations, mais plutôt à vérifier les faits. “Il n’y a pas de tribu diabolique ou angélique, chaque tribu a ses forces et ses faiblesses. Des messages de haine nous poussent à nous haïr les uns les autres. Pourtant, nous devons construire des ponts et non des barrières”, a-t-il indiqué.
Encourageant cette initiative, Monsieur Eric Kambale, directeur de cabinet du recteur de l’Université de Goma (UNIGOM), a souligné que le milieu universitaire n’est pas exempt de manipulations. Il estime que parler de stéréotypes liés aux identités est un bon moyen de promouvoir le vivre-ensemble entre les personnes de diverses cultures de la région, contribuant ainsi à la construction de la paix.
Il convient de noter que cette activité s’est déroulée dans le cadre du programme Régional que met en œuvre l’ONG internationale Interpeace grâce à son partenariat avec Pole Institute et d’autres organisations du Sud Kivu, du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. Ce programme vise, faut-il le rappeler, à renforcer le leadership des jeunes de la région des Grands Lacs dans les processus de paix dans leurs milieux respectifs et dans toute la région des Grands Lacs, d’une part, et de contribuer à l’accroissement du niveau de confiance intercommunautaire en tâchant de changer les perceptions des uns à l’égard des “autres” au sein de la population, d’autre part.