Tout a commencé, depuis plusieurs mois déjà, par une vidéo devenue virale sur la toile. Vidéo montrant un homme, visiblement de la tribu lega, se faire acclamer parce qu’affirmant en swahili, « … nous avons fini par découvrir que Abraham était un lega c’est à dire un des nôtres ».
Après avoir été rendue publique, cette vidéo a suscité plusieurs autres blagues affirmant que tant d’autres personnages bibliques, comme Jésus, seraient également de cette même tribu d’origine sud kivussienne.
Ainsi, les blagues ont quitté les personnages bibliques et sur la toile pour s’étendre sur plusieurs autres réalités banales dans la vie quotidienne. Des vérités choquantes vers des taquineries à la fois amicales et moqueuses, cette affaire qui attire déjà l’attention de plusieurs fait objet d’un débat houleux au sein de la communauté.
En effet, si pour certains, cela n’est qu’une blague éphémère que tout le monde, y compris les concernés, peut comprend et laisser passer sans rancune, pour d’autres, il ne faut surtout pas sous-estimer les conséquences que cela peut avoir sur toutes les communautés vivant en ville de Goma et ailleurs.
Pour monsieur Cosmas MUNGAZI, éditeur du journal Flambeau de l’Est et jeune de la communauté victime, c’est déplorable de voir son peuple victime d’une telle médisance : « Je suis très navré lorsque je vois toute une communauté paisible être dénigré sur la toile. Ceux qui véhiculent ce message parfois ils ne connaissent pas la cause », a-t-il déclaré, regrettant du rôle que joue l’ignorance dans cette affaire.
Des simples plaisanteries vers un dossier devant la justice
Si l’on en croit les propos de cet élite de la communauté lega, prudence s’impose car la tribu lega a déjà produit des intellectuels dans plusieurs domaines des sciences, notamment judiciaire, qui pourraient la défendre en cas de débordement dans ce qu’il a qualifié de « diffamation ». « On devrait déjà arrêter certains de ceux qui distillent ces messages mais le comité de sages a dit laisser tomber car ces gens sont en train de faire notre publicité. Mais si la situation perdure il y a des gens qui seront interpelés par la justice. On est là pour faire le monitoring en faisant des captures d’écran. Certains seront sûrement interpelés ils viendront expliquer pourquoi ils le font.» nous a confié monsieur Cosmas d’un ton sérieux en guise de mise en garde.
Message pour les jeunes internautes
S’adressant à tous les jeunes utilisateurs des réseaux sociaux, ce chercheur en communication les ramène à la raison en leur montrant le danger des réseaux sociaux comme média : « Je leur dirai que même si leurs communautés ont des problèmes avec certains de nos membres, ils ne doivent pas endosser leur frustration à tous les Lega qui se trouvent majoritairement dans trois territoires. Je leur demande également de ne pas diffuser des messages dont on ne connait ni l’origine ni la cause. La diffamation est une infraction punissable par la loi parce que le réseau social est un media dangereux.» déclare-t-il sous un ton interpellateur.
L’utilisation des réseaux sociaux partout et par tous constitue, d’un côté un avantage sans pareil à la communication des masses et de l’autre un danger imminent lorsqu’aucune instance ne se charge de réguler cet aspect des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Une éducation aux médias s’avère nécessaire afin de promouvoir un bon usage d’internet en général et des réseaux sociaux en particulier.
La ville de Goma se retrouve dans la partie la plus conflictuelle et la plus convoitée de la RDC. Malgré les différentes formes de sensibilisations y organisées, aussi bien par des ONG que par le gouvernement lui-même, il est clair que des manipulateurs ne cessent de tirer des ficelles afin de garder cette région instable. A part la diversité culturelle dont fait preuve cette partie orientale du pays, elle reste victime également de la richesse de son sous-sol ainsi que de la fertilité exceptionnelle de son sol.
Joseph Katusele