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Maniema : des leaders communautaires formés à la prévention des violences liées aux conflits

En juin dernier, la province du Maniema, à l’est de la République Démocratique du Congo, a été le théâtre d’une série d’activités dédiées à la promotion de la paix sociale et du vivre-ensemble. L’organisation Congo Peace Network, soutenue par Open Society Foundations, a mis sur pied quatre comités locaux. Leur mission : servir de structures communautaires pionnières dans la prévention, la résolution et la gestion constructive des conflits intercommunautaires, dans une région souvent marquée par de fortes tensions comme c’est le cas dans l’ensemble des provinces de l’Est du pays

De Kindu, capitale provinciale, aux territoires de Kibombo, Kailo et Pangi, cette organisation non-gouvernementale a sensibilisé les leaders locaux à l’urgence d’une médiation endogène pour mieux gérer les conflits. L’approche a été unanimement saluée par les participants.Jean Paul Kokota, chef coutumier de la communauté des Basongola, a rappelé avec conviction :  « L’arbre à palabres a toujours été le lieu idéal pour résoudre les différends dans nos communautés congolaises et africaines. Négliger le dialogue interculturel revient à légitimer la violence. »

Il ajoute : « Ici, lorsqu’un conflit est résolu, personne ne gagne ni ne perd. Ce principe renforce les liens entre les parties. » Appelé affectueusement « Sa Majesté », Kokota a été élu président du comité de prévention des conflits pour la ville de Kindu. Du côté des autorités territoriales, l’initiative a été bien accueillie. L’administrateur de Kailo a salué sa pertinence, déclarant : « Dans une entité où les citoyens participent peu à la construction de la paix, ce comité marque un véritable point de départ. ». Celui-ci a promis d’accompagner cette démarche, soulignant le rôle crucial des sages dans la réduction des tensions et la préservation du vivre-ensemble.

Le point focal provincial du projet, satisfait de l’engagement des leaders, a exhorté les comités à rester neutres dans la gestion des conflits. Me Didier Pilipili, avocat au barreau du Maniema, les a mis en garde : « Votre mission est d’éteindre le feu, non de l’attiser. »

À Kalima, dans le territoire de Pangi, l’expert en paix et co-facilitateur des échanges, Héritier Mumbere, a insisté sur l’inclusivité des mécanismes mis en place.  « Les conflits sont inhérents aux relations humaines. Mais il faut privilégier le dialogue plutôt que des violences nourries par des jugements dictés par la colère. »

Débutée en province de la Tshopo l’an dernier, cette initiative s’est déjà étendue à Goma et prévoit de s’implanter dans plusieurs territoires du Nord-Kivu. Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet visant à renforcer l’implication des communautés affectées par les conflits dans les processus de paix en cours en RDC.

Depuis trois décennies, les provinces de l’Est du pays sont durement touchées par les conflits armés. Malgré de nombreux efforts au niveau national et régional, les violences continuent de faire des victimes parmi les civils. Intégrer les communautés concernées dans les processus de paix pourrait être la clé qui manquait jusque-là pour atteindre des résultats durables.

Joseph Katusele

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