A Goma, L’organisation Tous vers un Congo Nouveau a remis , le dimanche 11 Septembre, des prix de mérite à une soixantaine des lauréats qui ont fait montre d’un grand travail en se distinguant dans différents domaines au Nord-Kivu. Parmi les lauréats figure Pascal Chirhalwirwa. Il est Chef de Bureau de l’Ong Internews au Nord-Kivu et celui qui était à la tête du Processus de création en 2021 de Afia Amani Grands-Lacs, ASBL comme action de pérennisation d’un projet des ONG Internews, Pole Institute et International Alert pour promouvoir une information de qualité sur la santé et la paix dans la Région des grands Lacs. Il a reçu un brevet ainsi qu’un trophée de catégorie Acteurs Humanitaires et du Développement. Dans une interview nous accordé, il revient sur le déroulement de cette activité ainsi que de sa satisfaction par rapport au choix porté sur lui.
AAGL: Vous venez d’être primé à deux reprises quelle est votre appréciation par rapport à cette activité ?
Pascal C.: Avant tout, je dois dire un grand merci aux organisateurs de cette activité et aussi leur présenter mes excuses.
Les remerciements pour la surprise qu’il m’ont faite en portant le choix sur ma modeste personne alors que je ne connaissais ni l’organisation et moins encore un quelconque membre en son sein. Je suis à Goma depuis deux ans seulement après avoir passé plusieurs années en dehors du pays. Je ne pouvais pas imaginer que mes actions soient suivies par les jeunes de mon pays jusqu’au point de m’identifier comme personne pouvant bénéficier d’un tel privilège. Au-delà de me décerner ce prix, l’événement a été pour moi une belle occasion de rencontres et surtout de découvrir toutes ces dynamiques entrepreneuriales qui redonnent de l’espoir dans notre pays. Les jeunes ont fait montre d’un très grand professionnalisme et du sérieux non seulement dans le choix des lauréats mais aussi dans la manière d’organiser la cérémonie.
AAGL : Des quelles excuses parlez-vous?
Pascal C: Je voudrais avouer ici que lorsque j’avais reçu le premier appel m’annonçant que j’étais identifié comme lauréat, sans toutefois vouloir décourager mon interlocuteur, j’avais une appréhension un peu négative; j’avais du mal à croire au discours. Finalement, j’ai été convaincu et j’ai compris à travers l’événement les aspirations des jeunes pour un Congo nouveau et leur soif de voir notre société leur présenter des personnes qui peuvent servir de modèles.
AAGL: Et comment votre perception a-t-elle changée?
Pascal C: Comme je venais de le dire ci-haut, j’ai noté à travers cet événement, la grande soif que notre jeunesse porte; celle de voir notre société lui offrir des modèles. Notre société souffre d’une crise de modèle. Nous vivons dans une société d’inversion de valeurs. Je considère que par cet événement, les Jeunes réunis au sein de l’ASBL » Tous vers un Congo Nouveau » ont voulu exprimer ce désir profond qu’il portent en eux pour une société qui leur propose des opportunités d’un avenir meilleur avec l’accompagnement des personnes qui les inspirent à travers leur engagement. Faire partie des lauréats de ce prix dit d’excellence, est donc un grand honneur pour moi et une grande responsabilité. Je ne pouvais pas imaginer que même étant loin du pays, la jeunesse de mon pays ait toujours porté une attention particulière sur mon travail et qu’elle se sente attirer par mon engagement professionnel et social.
AAGL: Puisque vous dites avoir été loin du pays, pouvez-vous nous dire depuis quand vous êtes parti?
Pascal C: J’ai quitté la RDC en 2009 et je suis revenu seulement en 2020, je ne peux pas imaginer que le peu de temps que je viens de passer ici à Goma ait été suffisant pour fournir les éléments d’analyse conduisant à ce que je sois éligible à ce prix. J’ai dû comprendre que l’analyse qui a été faite sur ma personne a porté sur mon travail auprès des médias dans les différents pays africains où j’ai travaillé et également sur mon engagement dans l’encadrement des jeunes partout où je suis passé. Il se peut que plusieurs jeunes me connaissent à travers mon travail et cela beaucoup plus à travers les médias et les réseaux sociaux et pas du tout par mon physique.
AAGL: Dans quelle catégorie avez-vous été primé et pouvez-vous parler effectivement du travail que vous faites exactement dans ce domaine ?
J’ai été primé dans la catégorie des acteurs humanitaires et du développement. Je travaille dans le secteur humanitaire, du développement et transformation des conflits depuis plus de 17 ans déjà au niveau national et international. Plus particulièrement, je travaille sur des projets de développement des médias et de formation des journalistes. Je suis également engagé depuis mon jeune âge dans l’encadrement des jeunes à travers plusieurs projets. Ceux qui ont enquêté sur mon dossier ont mis en exergue mon engagement et mon expertise dans les actions d’éducation et de sensibilisation à la non violence en se référant surtout aux diverses formations que j’ai conduit dans le cadre du journalisme de paix ou journalisme sensible au conflit, à d’autres initiatives que j’ai pilotés pour encadrer les jeunes à promouvoir la paix autour d’eux et au sein de leurs communautés. Je ne sais pas donner ici de détails sur ce que je fais car je reste convaincu qu’il est plus instructif que les autres puissent me découvrir et se sentent inspirés par mes œuvres et non pas par mes paroles.
AAGL: Souvent, on reconnaît les mérites des gens après qu’ils soient morts. Comment vous vous êtes sentis être reconnus avec d’autres en étant encore en vie ?
Pascal C: Dans ce monde dominé par l’hypocrisie et la jalousie, reconnaître les mérites de quelqu’un devient un acte de bravoure. Proclamer solennellement ces mérites pendant que la personne est encore en vie, est une grande marque de reconnaissance mais également, un acte de responsabilisation et un appel à plus d’engagement pour continuer à donner au monde le meilleur de soi-même. Le Nouveau Congo que veulent les jeunes ne pourra pas se construire par des morts. Il va se construire par des femmes et des hommes débout, engagés, conscients de leurs responsabilités face aux défis que le contexte nous impose et qui fragilisent au jour le jour les espoirs que portent les jeunes pour un avenir meilleur. « La Gloire de Dieu, c’est l’homme debout, disait Saint Irénée. Très humblement, j’ai accepté de porter cette responsabilité que ces jeunes m’ont confié à travers ce trophée et ce prix qui m’a été décerné pour mon leadership et mon engagement dans la promotion des actions non violentes qui promeuvent l’image de la RDC « , selon les termes des organisateurs de ce prix.
AAGL : A qui dédiez-vous ce prix?
Je voudrais dédier ce prix à tous les journalistes et professionnels des médias que j’ai encadrés à travers différents projets dans les différents pays en situation des crises complexes et où j’ai travaillé, aux jeunes qui me côtoient ici et là, à tous mes différents employeurs et mes collaborateurs, aux amis, à ma famille et à toutes ces personnes vivant dans des situations qui les éloignent de divers circuits d’accès à l’information et aux victimes de l’injustice et violences de toutes sortes. Qu’ils trouvent avec moi, dans ce trophée un signe de soutien et d’encouragement pour le combat quotidien pour le bien être de tous.
AAGL: Avez-vous un mot pour l’organisation qui est à l’initiative de cette activité ?
C’est tout simplement dire merci et que j’ai pris à cœur cette responsabilité qu’elle m’a confiée pour continuer à promouvoir l’image positive de la RDC à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Je voudrais dire aussi un grands merci à l’entreprise Baruvi Business du Jeune Victoire Bakunzi de Goma qui a porté son choix sur moi pour m’offrir l’habillement de la soirée. Un grand merci également aux autres lauréats qui vont porter avec moi la responsabilité de continuer à inspirer la jeunesse et à travailler dur pour redorer l’image du Congo à travers la promotion des valeurs dans nos divers domaines de travail.
AAGL: Enfin, si on vous demander de faire un appel aux partenaires ou au gouvernement vis-à-vis cette initiative, qu’allez-vous dire?
J’étais aussi touché par le nombre de projets portés par des jeunes dans la ville de Goma et dans la province du Nord-Kivu en général. Il y a donc des raisons de faire confiance aux jeunes de cette province. Je formule un appel de plaidoyer envers le gouvernement, les organisations nationales et Internationales et envers toutes les personnes de bonne volonté afin de soutenir cette jeunesse engagée pour un Congo nouveau où il fera beau vivre. Ces jeunes démontrent par leur dynamisme qu’au-delà du volcan et de l’insécurité nous imposée par les ennemis de la paix, il y a la vie au Nord-Kivu et qu’il faut l’entretenir par nos initiatives de développement.
AAGL: Monsieur Pascal Chirhalwirwa, nous vous disons merci.
Pascal C: Merci à vous également.
Albert Isse Sivamwanza