C’est ce samedi 4 Mars 2023 que l’Association Afia Amani Grands Lacs, AAGL en sigle, a lancé son programme de formation continue pour la redynamisation de sa rédaction. 13 journalistes basés au Rwanda, au Burundi et en RDC à dans les villes de Kisangani, Beni, Butembo, Bukavu et Goma, ont participé à une formation virtuelle animée par les formateurs Pascal Chirhalwirwa et Ernest Mukuli Kasongo.
C’est déjà bien parti pour renforcer les bases du fonctionnement de la rédaction « Afia Amani Grands lacs » comme média thématique régional, dont l’attention est rivée sur les enjeux liés à la prévention des risques liés aux catastrophes naturelles, la santé et la paix.
« La séance de ce jour, inaugure une série de formation que les correspondants suivront pour donner à AAGL sa vraie place de média de référence et qui marque la différence dans le traitement et la diffusion des informations vérifiées et fiables qui prennent en compte les préoccupations de communautés vulnérables de notre région en proie à des crises multiples. « lance Nadine Kampire, coordonnatrice d’AAGL dans son mot d’introduction.
Invité au tire d’Ancien Directeur du Projet « Covid19-Réponse Rapide dans la Région des Grands » au sein de l’Ong Internews et dont Afia Amani Grands lacs est né, le Formateur Pascal Chirhalwirwa a édifié les participants sur l’identité et la ligne éditoriale. L’intervenant a rappelé, qu’à la fin de du projet qu’il a conduit de juillet 2020 à Septembre 2021, AAGL est née dans un contexte de crise et de troubles informationnels dans le monde et dans la région des grands Lacs. Il a été lancé comme action de pérennisation des acquis du projet et comme média porté par des acteurs locaux.
Et de poursuivre : « Il se positionne comme média d’alternance et de différence pour continuer à fournir des informations fiables qui sauvent des vies. La ligne éditoriale de Afia Amani Grands Lacs qui était centrée sur la pandémie de Covid19 en faisant le lien entre les impacts de la maladie et les crises vécues dans la région des grands lacs, a évolué avec le processus d’autonomisation. AAGL couvre désormais les questions sanitaire, pacifique et environnementale en général »
Il s’agit là, d’une approche de contextualisation qui donne à la rédaction de ce média, une identité propre à elle et qui doit répondre à des exigences particulières pour mieux couvrir ces thématiques qui imposent un regard à la fois scientifique, socio-culturel et économique pour mieux les aborder.
Pas de vedettariat quand on s’engage comme journaliste pour la paix
Insistant sur les aspects liés à l’éthique et à la déontologie du Journaliste et en mettant en garde contre le risque de la désinformation dans le contexte des crises multiples que connait la région, Pascal Chirha a conseillé les journalistes d’AAGL à travailler dans une démarche de spécialisation et de ne pas rester dans la logique d’un journalisme généraliste.
« Faites votre travail dans l’humilité, avec professionnalisme et assiduité. Ne cherchez pas à vous faire des stars en courant derrière le scoop, mais que par la profondeur et la qualité de votre travail, vous soyez identifiés comme ceux-là qui aident les communautés à prendre des décisions éclairée pour vivre dans l’harmonie entre elles, avec leur environnement et avec une bonne santé. C’est par le travail bien fait que l’on gagne de l’argent et qu’on peut restaurer la dignité du journaliste dans la région des grands lacs, a-t-il lâché pour conclure son intervention.
Sortir de l’ordinaire et prendre du recul
Avant d’aborder son thème sur le journalisme sensible aux conflits, le deuxième intervenant, Ernest Mukuli, Correspondant de l’AFP, Consultant en journalisme de proximité et Président de l’ONG MEPAD (Média pour la paix et le Démocratie) basée à Kisangani, a renchéri son prédécesseur Pascal Chirha, en attirant d’abord l’attention des journalistes, sur les vertus du « journalisme thématique ».
Il s’agit d’un journalisme spécialisé qui sort de l’ordinaire. « Le journalisme thématique, c’est un choix. Pour l’affronter, il faut être préparé et prédisposé », note Ernest Mukuli.
Opposé du journalisme de paix, le journalisme sensible aux conflits tente de traiter avec délicatesse, les questions liées aux conflits, en veillant surtout à ne pas attiser les tensions susceptibles d’engendrer des conséquences irréparables.
Ernest Mukuli conseille que le journaliste doit être conscient de son rôle crucial à jouer durant une période de conflit. Il soutient également que quand il joue très bien son rôle, le journaliste peut aider les communautés à « préserver la santé de la population, à se protéger des conflits communautaires, à protéger physiquement des populations confrontées à une crise…
Le journaliste est-il un détenteur de la vérité ?
« En période de conflit, le journaliste n’est ni juge, ni détenteur de la vérité. Par sa manière d’informer, il doit apporter de l’information qui doit aider les populations à éviter le risque. », a rappelé, l’intervenant Ernest Mukuli. Le journaliste ne donne raison à personne. Et d’ailleurs, quand il détient une vérité susceptible d’engendrer ou d’envenimer la situation, il est conseillé qu’il taise ladite vérité », a argumenté pour sa part, Frédéric Alinabo, un autre formateur AAGL qui a pris part à ces échanges.
Il est alors de ce fait, demandé que le journaliste mise beaucoup sur son « professionnalisme » qui doit le pousser à réfléchir et à analyser toute incidence que son information doit ou peut avoir sur le public. Dans certaines mesures, nos écrits peuvent apporter des solutions à certains problèmes de la société. C’est pourquoi, nous devons faire un travail transformateur des conflits », insiste Ernest Mukuli.
Il soutient qu’être journaliste thématique ou mieux journaliste sensible au confit, « c’est parfois être en contradiction avec ce que fait tout le monde. Parmi les besoins cruciaux en temps de crise, il y’a l’accès du plus grand public à une information fiable, crédible, impartiale et compréhensible sur tous les aspects de ladite crise ».
Dans la région des grands lacs, Afia Amani Grands lacs se veut un média Thématique régional exemplaire qui essaie de faire la différence dans sa façon de dire, d’écrire, et d’informer. Il couvre la RDC, le Rwanda et le Burundi.
John TSONGO / Goma-RDC