Différentes personnalités se sont réunis la soirée du vendredi 15 Juillet à Kigali, capitale du Rwanda. C’était autour du lancement officiel du livre du sénégalais Boubacar Boris Diop intitulé « Murambi, le livre des ossements ». Ce livre parle du génocide du Rwanda de l’année 1994 plus précisément à Murambi en province du Sud.
A l’occasion de ce lancement, l’auteur du livre M. Diop a pris son temps pour expliquer le parcours qu’il a fait depuis la naissance de l’idée du livre jusqu’à sa publication il y a 20 ans et sa réédition en 2022.
« le Rwanda a été pour moi une leçon d’histoire » a expliqué M. Diop L’auteur du Roman « Murambi, livre des ossements » il explique que ce qui s’est passé au Rwanda a fait qu’il se lève pour faire comprendre la réalité. Il a même ajouté que l’idée est venue après avoir constaté que le génocide de 1994 au Rwanda est moins connu en Afrique. M. Diop précise que les intellectuels africains devraient s’approcher de la vraie histoire de leurs pays pour apporter leur contribution.
Dans son article publié le 20 décembre 2019 dans la revue Scientifique érudit « Murambi, le livre des ossements ou la question du jugement », Josias Semujanga, professeur au département des Littératures de langue française de l’Université de Montréal, commentait le Roman de Diop en ces termes : « On peut, en effet, lire Murambi comme un roman de témoignage dans la mesure où les temporalités se chevauchent à la bordure de l’histoire coloniale et des indépendances du Rwanda. Le narrateur étire constamment ces temporalités en convoquant, en amont, les figures de la politique des années 1960 et leurs liens avec les germes de la haine ethnique ayant conduit au génocide. En aval, il évoque les événements du temps du génocide, avec la société et les acteurs du conflit. Il zigzague à travers l’histoire contemporaine du pays ».
Ce lancement a connu la présence des écrivains rwandais dont Madame Yolande Mukagasana, une femme qui, aussi militent à travers ses livres pour la lutte contre le génocide et son idéologie. Dans son intervention, elle a félicité Diop pour son livre qui contribue énormément à la lutte contre le génocide et son idéologie, un sujet auquel la plupart d’étrangers ne donnent pas assez d’importance, selon elle. Elle a ajouté que les étrangers qui s’intéressent à l’Afrique devraient tirer des leçons du génocide qui s’est passé au Rwanda pour que cela ne se reproduise plus.
« Ça me fait surtout de la peine que les gens n’accordent pas assez d’importance aux étrangers comme Diop qui sont compatissant sur l’histoire de l’homme, parce qu’il y en a qui ne compatissent pas parce que ça s’est passé en Afrique. C’est une honte pour les intellectuels africains qui prennent aussi cette posture, on dirait qu’ils n’ont rien appris, regardez ce qui se passe chez nos voisins congolais, … » ajoute Madame Yolande.
Le ministre de l’unité et l’éducation civique, Dr Bizimana Jean Damascène a de son côté remercié M. Diop pour ce livre en disant que la réalité de ce qui s’est passé au Rwanda mérite d’être connue par toute l’humanité. Il a assuré cet écrivain que le gouvernement rwandais fera tout son possible pour soutenir la distribution du livre.
Il a par ailleurs rappelé que ce qui se passe en RDC et ailleurs dans certains pays prouve que le monde n’a pas tiré de leçons dans le génocide de 1994 au Rwanda. « C’est aussi une leçon pour l’avenir parce que nous constatons que l’idéologie génocidaire continue de se répéter dans certains pays même pas loin de chez nous. En République Démocratique du Congo, actuellement vous voyez des appels à la haine avec même des actes de violences ethniques qui visent des tutsis congolais. Ces images horribles sont diffusées sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose de profondément choquant, le génocide du Rwanda aurait dû donner de leçons pour qu’il ne se reproduise plus. » A réitéré le Ministre
« Murambi, le livre des ossements » a été publié pour la première fois en 2000 et cette année 2022 il a été réédité par la camerounaise, Laure Agnès. A sa réédition, ce livre a été traduit en sept langues.
Florent Ndutiye