En plus de la famine, qui constitue déjà le centre de leurs prières quotidiennes, les déplacés de guerre ayant fui les récents affrontements entre les rebelles du M23 et les forces loyalistes, connaissent un rythme de vie dangereusement monotone, les exposant aux vices de tout genre. Traumatisés et oisifs dans une ville où ils n’ont rien à faire ni personne pour les engager, les enfants, les adultes et les personnes du troisième âge passent des journées entières à sillonner l’espace qui les a accueillis, l’église 8ème CEPAC Mugunga.
Du côté des enfants, bien que la solution soit palliative et provisoire, l’organisation AGIR RDC les assiste aussi bien en supplément alimentaire qu’en accompagnement psychosocial. Pendant que certains bénévoles s’occupent de leur préparer de la bouillie, d’autres, à quelques mètres seulement, entonnent des chants d’animation. Ils contribuent ainsi à améliorer leur santé mentale, ne fusse que pendant les quelques heures couvrant leur séjour dans ce camp de déplacés.
Étant en rupture scolaire et ayant parcouru des kilomètres à pied, les enfants en âge scolaire savourent visiblement cette chaleur qui leur est apportée, quoi qu’éphémère et insuffisante pour combler leur scolarité, vu le nombre de bénévoles qui les accompagnent. “Je fais appel à tous les jeunes qui s’y connaissent en accompagnement psychosocial d’être prêts à se joindre à nous pour cette cause”, nous a confié Nathalie Mujinya, animatrice communautaire s’engage à redonner le sourire aux enfants vulnérables.
Du côté des femmes, la même organisation a mis en place une autre solution, encore une fois palliative. Pour Bora Fazili, responsable de Santé mentale d’AGIR bien que le besoin soit vraiment énorme en termes d’accompagnateurs, les résultats de ses premières approches sont satisfaisants. « Elles nous ont accueillies sans beaucoup de difficultés, et elles se montrent vraiment ouvertes.
La situation des jeunes et des hommes adultes déplacés est désespérée. Malgré leur vigueur et leur aptitude apparente à tous les travaux, aucune occupation ni accompagnement n’est organisé en ce sens. Selon Sadiki Sasaba, cet état risque de les transformer en “pauvres voleurs.”
Pour ce jeune homme d’une vingtaine d’années, père de trois enfants, aucune solution n’est envisageable à moins que la paix ne soit restaurée dans sa région. “J’étais chauffeur de moto-taxi, et j’étais bien avec ma petite famille. Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi et reprendre ma vie, car personne ici ne me connaît pour m’engager”, a conclu ce ressortissant de l’agglomération de Shasha, dans le territoire de Masisi.
Outre les vivres et les abris provisoires pour les personnes en situation de déplacement, l’accompagnement psychosocial et la santé mentale sont également des besoins urgents pour éviter des dérapages qui pourraient perpétuer la guerre comme un cycle fermé. Il est donc essentiel que les organisations et les institutions publiques habilitées s’impliquent davantage.
Joseph Katusele
Soyons les changements de nous même en donnant le peu d’efforts pour ces pauvres victimes🙏😢