La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu continue de subir de multiples effets néfastes des affrontements entre les forces armées de la RDC et les rebelles du M23. De la surpopulation aux risques des grandes épidémies en passant par la pénurie alimentaire, cette ville se trouve victime directe des hostilités depuis presqu’une année.
» Goma est asphyxié ».D’une position géographique économiquement enviable et d’une population très dynamique, cette ville se nourrit généralement grâce à ses quelques sources de ravitaillement. Au Nord, les territoires de Nyiragongo et Rutshuru n’ont jamais manqué à l’appel, en ce qui concerne l’approvisionnement de différents denrées alimentaires en ville et des produits de première nécessité.
A l’ouest, où se situent les lignes de fronts pour le moment, le territoire de Masisi s’unit à celui de Minova, au sud Kivu, pour répondre valablement au besoin alimentaire des habitants de Goma. Au Sud, c’est le lac Kivu qui facilite les simples petits échanges entre Goma et Bukavu, mais la circulation y est dominée plus par des humains et autres marchandises que par des denrées alimentaires.
Et enfin, à l’Est s’exerce un commerce dit transfrontalier depuis des milliers d’années entre la population gomatracienne et celle de sa ville voisine de Gisenyi, au Rwanda.Depuis le mois de Mai 2022, la montée en puissance du mouvement du 23 mars, M23, à travers la prise de la cité de Bunagana au Nord de la ville, rend la vie de plus en plus difficile à Goma. Sa persistance et son occupation des différents milieux stratégiques dans cette guerre continue d’empirer la situation.
Les prix des denrées alimentaires ne cessent de grimper du jour au lendemain à cause de la rareté de certaines marchandises sur le marché vue l’interdiction aux grands camions de circuler entre les zones occupées par les rebelles et celles encore sous contrôle des forces loyalistes.Pour les haricots par exemple, venant pour la plupart des territoires de Masisi et Rutshuru, les prix ont carrément doublé.
Madame MWAJUMA Esther est vendeuse de ce produit agricole. Selon elle, auparavant le haricot était plus consommé à Goma. Aujourd’hui,les clients ont quasiment disparu, tout le monde ne peut plus s’en procurer. « Je vends les haricots depuis plus de 10 ans et je n’ai jamais vécu une pareille situation.
»Le prix d’une mesure qui était fixé à 1800 francs congolais se discute autour de 4000 francs. Les clients ont tous migré vers les légumes, ils ne savent plus se procurer des haricots à cause de cette inflation » a-t-elle déclaré, triste car aucun mouvement devant son étalage.La farine de maïs quant à elle, une autre denrée alimentaire parmi les plus recherchées de la place, le prix a augmenté de 70% rendant ainsi l’alimentation encore plus difficile pour les familles plus nombreuses.
A en croire Joséphine, une femme ménagère, c’est très difficile de quitter le marché avec tout le nécessaire pouvant satisfaire ses 8 enfants : « La guerre a tout gâché, c’est à peine que nous arrivons à satisfaire les besoins de nos familles. Tout est devenu plus cher au marché, ce qui rend les courses moins agréables. » regrette-t’-elle.
Celle-ci reste cependant optimiste et reconnaissante de la présence de la marchandise sur les étalages malgré la hausse des prix : « Au regard de la situation précédente, je crois qu’il faut quand même remercier Dieu. Il n’y a pas longtemps l’on pouvait aller au marcher et en revenir avec son argent parce qu’il n’y avait pas de marchandise » renchérit-elle.
Réagissant à ce sujet, le débat devient de plus en plus viral dans la communauté. Si les uns pensent qu’il faut rouvrir des frontières érigées entre les zones sous différentes occupations, d’autres pensent qu’il faut négocier une libre circulation dans les zones sous occupations rebelles.
Pour sa part, Armanie BIRIKO, jeune analyste sociopolitique alerte que les M23 font déjà payer des taxes énormes dans les zones qu’ils occupent. » Quand les opérateurs économiques et les commerçants y vont se procurer les marchandises, ils vont payer très chers les taxes et les rebelles se retrouveront avec les moyens. »
Pour rappel, depuis le mois de mars 2022 lors de la réapparition du mouvement rebelle du 23 Mars après près de 10 ans d’accalmie dans la province du Nord Kivu, plus de 300 Milles personnes se sont déplacés de leurs demeures pour trouver refuge en ville de Goma et territoire de Nyiragongo. Ceux-ci traversent ainsi une situation vitale déplorable. Ils nécessitent l’aide humanitaire considérable afin de prévenir d’éventuelles épidémies pouvant occasionner d’énormes pertes en vies humaines.
Joseph KATUSELE